mercredi 13 janvier 2016

Françoise ou la foi des modernes


Hier, avons reçu Françoise. Il y a eu deux parties dans notre conversation. De la première, Nathalie fut absente : nous traitions de géopolitique ou de politique nationale, du concordat, etc. Du concordat en lien avec la conférence à laquelle nous avions assisté la veille. La suite traita de la foi.

 

Je n'ai jamais compris la foi des modernes. Françoise appartient à cette rare catégorie de croyants qui n'ont pas besoin de croire. Ses assises intérieures sont assez solides pour la soutenir sans cela. Du coup, je ne comprends pas en quoi elle croit.

 

Elle répercute, comme Hervé, l'idée que Dieu nous aime et que cela peut changer notrevie,même si cette découverte ne contient pas d'appel au changement explicite.

 

J'ai beaucoup de mal à me convaincre que Dieu m'aime. Rationnellement, je me dis qu'il a autre chose à faire, mais aussi que l'Evangile ne présente pas ce visage éthéré d'un dieu énamouré. Ses paroles reçues directement tendraient plutôt à Le montrer nous menant par le chantage.

 

Qu'est-ce qui a fait édulcorer la violence de l'Evangile ? Une pastorale de l'assoupissement, comme a pu l'écrire à peu près Fabrice Hadjadj dans l'un de ses premiers livres publié au moment où mon frère l'avait invité dans un de ses événements et où il trempait encore dans une certaine branchitude, malgré un style d'écriture extrêmement archaïque.

 

L'Eglise ne veut pas réveiller les brebis qui dorment dans le brouet divin. Au pire, toujours intellectuellement, cette certitude que nous sommes aimés de Dieu est l'idée la plus narcissique jamais imaginée pour se réconcilier les forces qui nous ont créées et ne nous demandent pas, à ce compte, de continuer la création avec elles.

 

Françoise me dit que la certitude d'être aimé de Dieu relève d'une expérience. Ce serait donc la nouvelle Grâce, la nouvelle foi qui ne se donne qu'à certains élus : non pas qui est Dieu, mais comment Il mène. Les catéchismes à l'ancienne faisaient dériver une lex faciendi de la lex credendi et une lex credendi de la lex orandi. Que devons-nous faire si avoir découvert que Dieu nous aime sufit. Nous avons régressé de : Aime et fais ce que tu veux" à : "Dieu m'aime, cela suffit", Je ne comprends pas.

 

Françoise me dit qu'il ne s'agit pas de comprendre, mais de faire l'expérience et que nous n'avons rien à faire, comme le dit toute une pensée qui va du quiétisme de fénelon aux conversations avec Dieu de Neal-Donald Walsh. Nous n'avons rien à faire, un procrastinateur tel que moi ne demande pas mieux.  Seulement comment Jésus reste-t-Il notre Sauveur dans cette économie du croire ?

Où court en outre un autre paradoxe : c'est qu'il s'agit de ne pas fuir notre prorpre image devant notre miroir. L'image de notre œuvre dans le miroir de notre vie. Nous serions responsables face à nous-mêmes, mais Jésus serait au-dessus de tout ça.